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Préface

C’est avec plaisir que j’ouvre ce numéro d’InterCentrales, dédié à un enjeu-phare de notre siècle : la Silver économie.

Le vieillissement mondial de la population affecte également notre pays : en 2060, l’espérance de vie sera de 90 ans pour les femmes et de 85 ans pour les hommes. Les plus de 60 ans, actuellement 15 millions, seront plus de 25 millions en 2030 – soit un Français sur trois. Ce temps supplémentaire pour chacun, gagné sur la mort, c’est de la vie en plus, pour tous.

 

 

Nous connaissons le volontarisme des seniors, l’attention qu’ils portent à leurs proches, leur engagement dans le monde associatif, sur le marché de l’emploi et dans la vie de la Cité. Nous devons favoriser leurs projets de vie, en respectant leur libre choix – 90% d’entre eux souhaitent vieillir à leur domicile – et en garantissant, le plus longtemps possible, leur autonomie. L’objectif de l’Organisation mondiale de la santé elle-même est de favoriser le vieillissement en bonne santé, le plus longtemps possible, et dans la dignité. Pour ce faire, elle recommande d’aménager le cadre de vie par la prévention, d’adapter les systèmes de santé et de fluidifier les parcours de vie.

La Silver économie, à ce titre, est essentielle. Elle recouvre les biens et services destinés aux seniors, qu’ils soient actifs, fragiles, ou en perte d’autonomie, afin d’améliorer leur confort de vie : services à la personne, industrie, culture, alimentation, dispositifs d’assistance, tourisme, loisirs, ou encore logements adaptés. Ces secteurs sont complémentaires : avoir un logement adapté, c’est autant de possibilités d’intégration de solutions domotiques, de chemins lumineux et d’autres équipements – comme la salle de bain, modulable, comme les cloisons coulissantes. Chacun de ces secteurs devra prendre en compte les usages d’aujourd’hui et de demain : les nouveaux seniors – les « boomers » –, sont en effet plus portés que leurs aînés vers les équipements connectés et les services sur mesure. La Silver économie comprend les technologies les plus avancées – domotique, robotique, système d'information et intelligence artificielle –, comme les aides techniques les plus simples – par exemple, l’aide à la marche. 

Les opportunités sont à la fois vastes et transversales : les personnes âgées consomment plus que la moyenne – les seniors assurent aujourd’hui 60% des dépenses d’alimentation et 57% des dépenses de loisirs. Pour répondre à leurs aspirations et à leurs besoins inédits, il nous faudra créer des usages, des services, des produits nouveaux – les services à la personne, par exemple, pourraient générer 250 000 emplois d’ici à 2020. En matière de Silver économie, nous comptons déjà de nombreux atouts : piluliers connectés, systèmes de détections des chutes à domicile, cabines robotisées dédiées à la prévention et au suivi des maladies chroniques, jusqu’aux exosquelettes ultralégers comme palliatif aux effets de la dépendance. Nos grands opérateurs ont déjà pris leurs marques à l’étranger : leur savoir-faire est reconnu, notamment dans la télé assistance, et dans le secteur de la gestion des maisons de retraites médicalisées. Je pense par exemple à la Chine, où les autorités souhaitent faire passer le nombre de lits dans ces établissements de 3 à 9 millions d’ici 2020.

Le rôle de la puissance publique, c’est de structurer la filière, de fédérer l’ensemble des acteurs, afin de faire émerger un grand marché de la Silver Economie : telle est la condition d’une offre compétitive pour exporter nos produits et nos technologies. L’approche est par nature interministérielle : le ministère de l’économie et des finances adapte déjà les outils de financement à l’export et les garanties publiques  - par exemple, Business France travaille à l’analyse de la concurrence étrangère, porte l’offre française sur les salons dédiés à la Silver Economie, et anime les Clubs Santé à l’étranger, vitrines de nos acteurs économiques. 

Je veillerai à accompagner notre vivier de startups et de TPE, de grands industriels et de PME, très dynamiques, ainsi que nos laboratoires, à la pointe de l’innovation. Vos associations doivent organiser la mobilisation de tous, pour faire de notre nation une grande économie du « bien-vieillir ». L’année dernière, déjà, le lancement de filières régionales mettait en relation l’ensemble des acteurs économiques du secteur. Les départements devront maintenant structurer les réponses territoriales qu’ils entendent apporter aux aînés et à leurs proches aidants.

Je veillerai aussi, dans ce cadre, à ce que nos politiques n’engendrent aucune discrimination liée à l'âge, ni aucune inégalité sociale ou territoriale. C’est pourquoi la stratégie nationale de santé accorde une attention prioritaire à la prévention, en agissant sur les comportements individuels et sur l'environnement : adapter la ville, le logement ; faciliter la mobilité ; encourager la participation des plus âgés au vivre ensemble.

Pour transformer ce phénomène démographique en opportunités, le comité d’orientation de la filière réunit les parties prenantes : entreprises et fédérations industrielles ; fédérations ou syndicats du secteur de l’aide à domicile ; établissements pour personnes âgées ; organismes de protections complémentaire ; pôles de compétitivité et clusters ; représentants des départements et des régions ; représentants des usagers et de l’association France Silver économie. D’autres organismes se joignent aussi à ce comité : la Caisse nationale d’assurance vieillesse, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, l’Agence nationale de l’habitat, la Banque publique d’investissement, Business France, la Caisse des dépôts et consignations, le Secrétariat général à l’investissement, ou encore France stratégie.

En vous mobilisant tous, vous avez les moyens, chers Centraliens, de donner à la Silver économie à la française le bel avenir qu’elle mérite.

Agnès BUZYN

Ministre des solidarités et de la santé

Hématologue de formation, Agnès Buzyn est professeure des universités – praticienne hospitalière à Paris-V et à l’Hôpital Necker. Elle a présidé l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, l’Institut national du cancer et le collège de la Haute Autorité de Santé. Elle est depuis 2017 ministre des Solidarités et de la Santé.

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